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Arrêté et jugé pour prétendu trafic de drogue sous le CNDD, Mamady Kallo prend la parole chez Depecheguinee 

L’homme d’affaires Mamady Kallo a été arrêté et emprisonné sous le CNDD pour trafic international de drogue. Une affaire qui a bouleversé toutes les activités du mis en cause. 

Dans une interview exclusive accordée à Depecheguinee, cet ancien pensionnaire de la Maison centrale fait des révélations sur le dommage à lui causer et les tortures dont il a fait l’objet pour lui soutirer des aveux.

Depecheguinee : présentez-vous à nos lecteurs, s’il vous plaît !

Je m’appelle Mamady Kallo, chef d’entreprise, Directeur général de la société de construction GPCI (Guinéenne de la promotion de la construction immobilière) depuis 2006.

Depecheguinee : depuis le début de ce procès du massacre du 28 septembre, votre nom est souvent cité par les avocats de la Défense comme étant l’une des victimes de pillages sous le CNND. Expliquez-nous les circonstances de votre arrestation.

Lorsque le président Général Lansana Conté est décédé en décembre 2008, ma famille venait d’arriver à Conakry en provenance des États-Unis, ainsi que mon fils malade, qui avait un problème cardiaque. Il a subi une transplantation au niveau du cœur. Trois jours après la mort du Général Lansana Conté. J’ai emmené mon fils à Dakar pour une visite médicale. Alors, pendant mon séjour à Dakar, des amis m’ont appelé et m’ont dit que le Conseil national pour la démocratie et pour le développement (CNDD), qui venait d’arriver au pouvoir, avec à sa tête le Capitaine Moussa Dadis Camara, avait commencé à me citer dans une affaire de drogue. J’ai essayé de comprendre si c’est vrai. J’entendais vraiment les gens parler de moi à la radio et j’ai dit non, ce n’est pas possible. Soudain, j’ai pris l’avion pour Conakry parce que je ne me reprochais de rien. Donc, je ne vais pas accepter qu’on me salisse.  A ma sortie de l’aéroport de Gbessia, j’ai compris que je suis suivi par deux voitures jusqu’à chez moi, où j’ai laissé ma valise et mon fils. Ensuite, j’ai pris les autres bagages. J’avais payé des habits pour ma mère. Donc, il fallait les déposer chez elle avant de continuer en ville pour aller manger. Mais j’ai toujours remarqué les deux voitures qui me suivaient, garées au loin à chaque fois que je m’arrêtais. 

Alors, vers 4H 10′ du matin, j’ai été réveillé par les cris de mon gardien. J’ai sauté dans le lit, allumé la télé de la caméra, et j’ai vu mon gardien ligoté et mon domicile complètement encerclé par neufs pickups équipés du 12-7 garé à l’extérieur. Il y avait au moins six soldats encagoulés dans chaque pickup. Ils ont utilisé le pied de biche pour ouvrir ma porte, ils ont cassé la porte du salon. Ensuite, ils se sont rendus à l’étage où je me trouvais. Ils ont commencé à défoncer la porte de ma chambre, je leur ai demandé d’attendre que je l’ouvre pour eux. C’est Kalonzo qui était le chef de la mission.

Depecheguinee : de quoi vous a-t-on accusé ?

Quand ils ont pénétré ma chambre, Kalonzo m’a demandé où est la drogue, et j’ai répondu: « quelle drogue. Vous pouvez fouiller partout ». Ils ont fouillé toute la maison et n’ont rien trouvé.

Depecheguinee : après votre arrestation où étiez-vous détenu.

Quand ils ont fini de fouiller ma maison, ils m’ont conduit au Camp Alpha Yaya, où ils m’ont mis dans un conteneur qui était devant un bâtiment à la sortie du Camp vers Yimbaya. J’ai trouvé d’autres militaires de l’ex-garde présidentielle de Lansana Conté qui étaient aussi détenus dans ce conteneur. Je suis resté dedans jusqu’à 14 heures. Après, ils sont venus me chercher pour me faire monter au 2e étage. J’étais à l’escalier J’ai vu mes trois jeunes frères sauvagement attachés qui descendaient dans leur pickup. Ils les ont conduits dans le conteneur aussi. Ils m’ont demandé de leur montrer où j’ai caché ma drogue et de citer les personnes avec qui je vendais la drogue. Je leur ai dit qu’ils se trompent de personne, parce que moi je suis chef d’entreprise et mon entreprise de construction faisait partie des 5 meilleures en Guinée. Ils m’ont enchaîné sur un lit. Je suis resté assis sur ce lit jusqu’à tard la nuit. Ils m’ont conduit à la Gendarmerie de Yimbaya où ils m’ont mis dans une cellule. Le lendemain, vers 11 heures, ils m’ont ramené encore au camp. J’ai trouvé Saturnin Bangoura enchainé à un lit. C’est ainsi qu’ils nous ont enchainés ensemble. On est resté assis toute la journée jusqu’au lendemain. Après, on nous a amené derrière le bâtiment de Dadis où on nous enchaînait toutes les nuits. Parfois, on m’enchainait avec Saturnin, et parfois, avec Charles Pascal. On dormait enchaînés des mains et des pieds. Même pour aller aux toilettes, on était enchaînés.  Tu te fais accompagner par ton partenaire de menotte. Et pendant la nuit, ils viennent chercher une personne parmi nous pour le torturer dans une salle en présence de Tiégboro, Kalonzo, le Commissaire Fabou, Blaise Gomou, Mansaré Sow, qui travaille actuellement à la DPJ pour qu’on montre le reste de nos biens.

Depecheguinee : pouvez-vous nous expliquer les séances de tortures qu’on vous faisait subir ?

Oui, on me menottait les mains derrière liées au dos sur une chaise, et ils inclinaient la chaise. Donc, la menotte se resserrait sur les mains, la douleur était atroce. Tout ça pour obtenir des informations sur nos biens pour pouvoir les prendre. Après quatre mois de détention dans des conditions pénibles parce qu’on dormait menottés pendant tous ces quatre mois, ils nous ont envoyés au PM3 pour nous auditionner avant de nous déférer à la Maison centrale.

Depecheguinee : vos biens ont-ils été pillés ? 

J’avais tout perdu, tout ce que j’avais comme bien. D’abord, quand ils ont défoncé ma porte, il y avait une valise en métal dans ma chambre qui contenait 45 kilogrammes d’or en lingots et 9 kilogrammes d’or en poudre que j’avais payé en Sierra Leone pour envoyer à Dubaï. Dans mon armoire, Kalonzo a pris 800 000 dollars que les gens ont versés pour les 200 logements, plus de 700 000 euros que je devrais verser à la banque le lendemain. En franc guinéen, il y avait plus de 250 millions. Ils ont tout pris. Le lendemain vers 7 heures, le Colonel Tiégboro et son équipe sont partis à Kobaya où il y avait mon dépôt de fer d’une valeur de 3 millions 800 mille dollars que j’avais payé au Sénégal dans le cadre du projet de construction de 200 logements à Kipé Cité cinquantenaire. Ma maison de Kobaya a été vandalisée et vidée de son contenu. Ils n’ont rien laissé. Dans le coffre-fort de mon bureau, ils ont pris 200 mille dollars, parce qu’on vendait aussi le fer à béton. J’avais 42 véhicules sortis d’usine qui étaient garés dans ma cour à Kobaya, parce que j’avais ouvert un parc automobile pour que l’Etat paie ses véhicules avec moi. Il s’agit de 17 pickups Toyota Hilux, 15 Fortuner 10 Land cruiser. Mes véhicules personnels et celui de ma maman et mes frères ont été emportés aussi : une vingtaine. Ma société avait des contrats de route aussi. Donc, j’avais quatre poclains, trois bulldozers sortis d’usine que j’avais payés au Togo et deux chargeurs modèles 950, onze camions remorques qui transportaient mes barres de fer de Dakar à Conakry et onze camions de marque Man que j’ai payés à Lomé. Ils ont tout pris et jusqu’à nos jours je ne suis pas rentré en possession de mes objets volés par Tiegboro et ses hommes. 

Au lendemain de mon arrestation, ils sont partis chez ma mère à Lambanyi Waria non loin de chez Dadis Camara, ils l’ont enfermée dans la toilette et ils ont vidé la maison. Ils ont tout emporté même le balai ils n’ont pas laissé. Ma maison de Kipé et celle de Taouyah ont toutes été pillées aussi.  Pendant deux semaines, Tiégboro transportait mon fer à béton. La quantité de fer qu’il a exposée au camp ne représente même pas le 3% des fers qu’ils m’ont volés. Il a transporté une grande partie dans son chantier vers Sanoyah . Et quand les gens venaient payer le fer avec lui, il les livrait à domicile, dans mes camions. 

Depecheguinee : mais pourquoi parmi les 12 millions de Guinéens c’est vous qu’on arrête pour trafic de drogue ? 

C’est par ce que c’est mon groupe qui avait fait échouer tous les coups d’État de Dadis contre le général Lansana Conté.  J’étais très proche du président Conté, j’étais presqu’un fils pour lui. Et on était là pour lui aussi.

Un jour, Dadis avait braqué le chef d’état-major des armées au pont 8 novembre. Je quittais le siège du PUP et je remontais le pont pour rejoindre la Résidence 2000. Quand j’ai vu la scène, j’ai appelé le Commandant de la garde présidentielle du président Conté pour l’en informer. La garde du président avait constaté que toutes les armes lourdes de la Présidence étaient sabotées, les chars et les pickup 12-7 et 14-7 étaient en panne sèche, il n’y avait pas de carburant dedans. J’ai appelé le propriétaire de la station d’essence qui est à Coléah. Ils ont ouvert la station et j’ai carburé tous les véhicules des militaires, les chars et les véhicules de la police ce jour, dans les environs de 2 heures du matin. C’est ce qui avait fait échouer ce complot ce jour.  Et un autre jour encore, ils ont fait un autre coup. Claude Pivi a pris la Présidence. Ce jour aussi, j’étais à coté du Général, quand Claude Pivi a fini de remettre les papiers de revendications des militaires au Général,  on a parlé avec lui de laisser le vieux mourir en paix. Je lui ai offert 50 mille dollars et des voitures. Dadis n’avait pas aimé ça parce qu’il disait toujours que c’est moi qui suis en train de corrompre ses hommes. Et Dadis était protégé par Ousmane Conté c’est pourquoi il a échappé à des arrestations.  Vous pouvez vérifier auprès du Colonel Tidiane tout ce que je suis en train de vous dire. Il va vous le confirmer. Voilà pourquoi dès qu’il a pris le pouvoir, il m’a arrêté et m’a collé l’étiquette d’un trafiquant de drogue.

Depecheguinee : Alors, pourquoi avez-vous reconnu devant Dadis, dans Dadis show que vous avez transporté la drogue du restaurant Seven Eleven au restaurant Hot & French de Taouyah ? 

Mais on était devant un fou. Dadis Camara est un fou, c’est ce que les Guinéens ignorent.  Quand on m’a arrêté et vandalisé mes maisons, Tiégboro a pris un frigidaire dans ma maison de Kobaya dans laquelle se trouvaient les médicaments de mon garçon qui venait de subir une transplantation du cœur. Ce médicament ne se trouve dans aucune pharmacie en Guinée et si mon fils ne prenait pas ce médicament, il allait mourir. J’ai supplié Tiégboro en me mettant à genoux pour qu’il mette les médicaments de mon fils à la disposition de ma famille. Je leur ai dit de prendre tous mes biens, mais de remettre le frigidaire contenant le médicament à ma famille. Mais Tiegboro a refusé. J’étais sidéré, terrorisé parce que mon enfant allait mourir. On m’a dit de passer devant Dadis show et de reconnaître les faits après il va me donner les médicaments. Après avoir tout reconnu devant Dadis, Tiégboro a encore refusé de me remettre les médicaments de mon fils. C’est quand mon fils a fait une crise pour défaut de médicaments que l’ambassade des États Unis l’a évacué d’urgence. Il a fallu de peu qu’il ne meure pas. Dans toute cette affaire, c’est ce qui m’a le plus fait mal. Même s’il voulait que je dise que je possédais un conteneur de cocaïne,  j’allais le faire pour sauver la vie de mon garçon. 

Depecheguinee : qu’est ce qui s’est passé à la Maison centrale quand les Américains sont venus vous voir ?

Le Capitaine Dadis Camara justifiait son coup d’État pour sa volonté de lutter contre les narcotrafiquants. C’est pourquoi dès qu’il s’est installé, il a commencé à coller l’étiquette de vendeur de drogue aux gens pour avoir le soutien de la communauté international. Imaginez, Charles Pascal Tolno a été arrêté parce qu’il m’a donné un bidon d’eau minérale à l’anti drogue quand je l’ai vu passer. Tiégboro lui a demandé pourquoi il m’a donné de l’eau. Ensuite, il a ordonné à ce qu’on l’arrête pour l’auditionner. Il a été finalement ajouté sur la liste des trafiquants de drogue Il a subi toutes les tortures que nous avions subies jusqu’à la Maison centrale. C’est pendant le procès qu’il a été acquitté.  C’est dans ce cadre que le service américain de lutte contre la drogue avait dépêché une équipe à Conakry, qui est venue nous rencontrer à la Maison centrale. Après vérification de nos passés et nos emprunts, ils ont demandé à Tiégboro de leur montrer la quantité de drogue saisie sur nous. Il n’y en avait pas. Les Américains ont demandé à Tiégboro de nous libérer que c’est un faux dossier et ils sont repartis. 

Depecheguinee : mais malgré tout ça vous avez été jugé et condamné à 5 ans avec sursis ? 

On n’était pas d’accord avec la sentence qui a été prononcée. Vous êtes mieux placé d’ailleurs pour répondre à cette question parce que vous êtes dans ce dossier depuis 2009, et tu étais le seul journaliste qui osait à l’époque dénoncer nos conditions de détention à la Maison centrale. Le procès s’est déroulé à ta présence à la Cour d’appel. Aucune preuve n’a été présentée à la barre. Aucun élément de complicité de trafic de drogue n’a été apporté dans le ddébat. Les scellés étaient nos voitures et autres objets. Tiégboro n’a pas pu défendre son propre dossier à la barre. Quand il fut coincé par Doura Chérif et le Procureur Sidy Souleymane N’diaye, il a même pleuré. Nous avons toujours la vidéo. Tout ce qu’ils ont pris avec nous, c’étaient nos véhicules, nos fers à béton, et notre argent. On a condamné Saturnin Bangoura et moi à 5 ans avec sursis parce qu’ils ont évalué ce qu’on a déjà perdu, nous acquitter engageait l’État à rembourser tout ce qu’on a perdu. Donc, il fallait nous freiner. Voilà pourquoi on a été condamné avec sursis. 

Depecheguinee : pendant votre arrestation que s’est-il passé entre Boubacar Barry Big Up et vous ? 

Bouba Big Up était l’architecte de ma société de construction pendant plusieurs années avant l’avènement du CNDD. C’est quand je fus arrêté que j’ai compris par la suite qu’il était avec le CNDD. Un jour, il a envoyé quelqu’un dans ma cellule pour me parler. Il m’a dit qu’il peut me faire sortir de la prison mais à condition que je lui verse 100 mille euros. Je lui ai dit de me libérer après je vais lui remettre. Il m’a dit non que je dois payer avant. Alors, j’ai appelé mon cambiste et je lui ai demandé de me trouver cette somme. Il a réuni l’argent. Après, il est venu remettre à Big Up. Ils m’ont appelé. On a échangé pour la confirmation. Le lendemain à mon fort étonnement, il a changé son numéro. Il était injoignable. C’était malhonnête de sa part. Pire, Bouba Big Up et Tiégboro ont vendu mon domaine d’un hectare de Kipé centre émetteur à la société marocaine Adoha qui avait même commencé à construire des logements sur mon terrain. C’était à la fois  triste et décevant pour celui que tu as employé, aidé, le payer pendant plusieurs années qui vient te poignarder de la sorte. Mais Dieu ne dort pas, le voilà aujourd’hui.

Depecheguinee : avant la mort du Général Lansana Conté  vous étiez un entrepreneur ?

Avant l’avènement du CNDD, j’avais beaucoup de contrats. C’est mon entreprise qui avait commencé à construire des villas et des immeubles à vendre ici. On a construit des maisons à Kipé, Taouyah, Nongo, et c’est à Kobaya on a construit beaucoup de maisons. J’avais obtenu la construction de plusieurs villas dans le projet de 200 logements à Kipé. Et pour la réalisation de ce projet, l’Etat guinéen m’avait donné le contrat d’aménagement du site. J’ai envoyé 4 sociétés pour démonter les tas de ferrailles, les antennes. J’ai envoyé des bulldozers et des poclains pour dégager les deux côtés du centre émetteur et baliser le domaine. Quand j’ai fini de mettre en valeur le terrain, l’Etat m’a cédé 1 hectare dans le domaine en contrepartie, et 2800 m² à la Camayenne.

Depecheguinee : quand vous êtes sorti de prison, avez-vous porté plainte contre vos pilleurs ?

J’ai porté plainte à l’Agence judiciaire de l’Etat, mon avocat est là maître Almamy Traoré peut le témoigner, tous les Agents judiciaires de l’Etat qui se sont succédé ont reçu ma plainte. Il n’y a jamais eu de suite favorable jusqu’à présent.

Depecheguinee : avez-vous porté plainte contre Colonel Tiegboro et ses éléments ? 

Non, je n’ai pas porté plainte contre le Colonel Tiegboro et ses éléments parce qu’ils étaient encore très forts avec le régime Condé. Alpha l’a porté au dos. Il était encore intouchable.

Depecheguinee : avez-vous déjà évalué votre perte ?

Jusqu’à présent je suis en train de payer certaines dettes, parce que beaucoup personnes qui travaillaient en Occident m’avaient versé l’argent pour l’achat des maisons en construction. La perte et le préjudice que j’ai subis sont énormes. Jusqu’à présent, je peine à me relever.

Depecheguinee : comment vous vivez avec l’étiquette de narco trafiquant qui est désormais collée ? Cela n’a-t-il pas impacté votre business ?

Le CNDD, le Capitaine Dadis et Tiégboro ont terni mon image et détruit mon entreprise. J’avais honte de marcher à Conakry. J’avais fait beaucoup d’efforts pour le RPG, pour que Alpha Condé devienne président. Même pendant le régime de feu le Général Lansana Conté, quand on arrêtait les militants du RPG, c’est moi qui négociais leur libération auprès du Général Conté. Parce que je connaissais Dame Fatou Bangoura. Je venais chez elle à Dixinn avec Dr Diané. J’avais même ma chambre chez elle là-bas. J’ai financé le RPG. Mais bizarrement, quand Alpha a eu le pouvoir, je n’ai jamais dit Alhamdoulilahi, parce qu’il a dit que je suis un narco. Ils m’ont complètement écarté. Je me suis lancé dans la pêche quand j’avais obtenu la licence.  J’ai eu trois bateaux de pêche. Après un an d’exploitation, Fofana dit Cheveux blancs conseiller à la pêche, m’a signifié dans une lettre d’explication que je suis un narco, je ne dois pas avoir la licence pour la pêche parce que je vends de la drogue. Alors qu’on faisait tout avec ce Monsieur Fofana Cheveux blancs, même sa maison de Nongo, c’est moi qui lui ai donné. Mais malgré tout ça, il m’a trahi pour récupérer mes bateaux. C’est par après que j’ai compris que c’est son travail de créer des problèmes aux investisseurs dans le domaine de la pêche pour s’accaparer de leurs bateaux et les exploiter. C’est ainsi qu’il est parti chez Tiégboro. Ils ont encore fait des allégations mensongères sur moi auprès du président Alpha Condé comme quoi j’ai envoyé plus de trois tonnes de cocaïne dans mes bateaux. Alors que les bateaux des chinois tout le monde connaît, ils ne quittent pas la zone guinéenne. Et dans chaque bateau, il y a deux capitaines de police, un inspecteur plus le CNSP qui est le service de visibilité sur les bateaux. Comment peut-on faire une telle chose ? Mais Dieu merci, la CRIEF s’est saisie du dossier pour clarifier et situer les responsabilités. Voilà les conséquences d’étiquette de narco trafiquant qui pèse sur moi, une histoire montée de toutes pièces qui continue à nous pourrir la vie.

Depecheguinee : que retenez-vous du CNDD

Personnellement, ce qui m’a choqué d’abord, c’est la façon dont ces gens-là ont géré le pays. Ils ont montré qui ils sont. Ils ont collé une mauvaise image à la Guinée, parce que nous nous sommes des hommes d’affaires, notre fierté c’est la Guinée. Le CNDD a été essentiellement caractérisé par la haine, le pillage, le meurtre et le viol. C’est un groupe de brigands qui avait confisqué le pouvoir.

Depecheguinee : nous voici à la fin de cette interview, à moins que vous n’ayez un mot pour la clore…

Aujourd’hui, je suis fier d’être guinéen, parce que je connais le pouvoir. Mon grand-père Cheick Chérif a été le dernier ministre de l’intérieur de Sékou Touré. Je connais un peu la politique parce que j’étais aussi près du Général Lansana Conté. C’est pourquoi quand ça m’est arrivé, j’ai gardé mon sang froid pour sauver ma vie d’abord.  Je remercie le Colonel Mamadi Doumbouya. Je suis très content de la tenue de ce procès, parce que ce procès permettra aux Guinéens de connaître la vérité. Si je me reprochais de quelque chose, je n’allais pas prendre mon avion pour Conakry quand ils ont cité mon nom. C’est par ce que je n’ai rien fait. C’est ce péché-là qui les suit aujourd’hui.

Interview réalisée par Abdoul Latif Diallo

Journaliste d’investigation

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