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Zimbabwe : Les leçons d’un patatras politique

Zimbabwe : Les leçons d’un patatras politique

C’est dans un stade noir de Zimbabwéens assoiffés de changement que le disgracié de Grace Mugabe a harangué la foule avec des promesses mirifiques et mirobolantes pour se faire accepter. L’espoir immense risque d’entraîner à un nouvel épisode politique, si les attentes ne se concrétisaient pas à l’avenir. Emmerson Mnangagwa, le nouvel homme fort de Harare, n’est autre que Mugabe en modèle réduit mais pas en machiavélisme. L’histoire enseigne qu’on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. 37 ans suffisent pour les Zimbabwéens, qui ont vécu et qui ont vu ce qui se passe dans le monde ; dans cette ère de l’internet, ils se disent désormais vigilants et prudents. Crédit photo : Washingtonpost.

Il n’y a qu’à voir le bouleversement en Chine pour tout comprendre : Le pays le plus anticapitaliste est devenu le plus grand capitaliste, ses capitaux éparpillés à travers le monde dépassent tous les capitaux des pays capitalistes qu’il fustigeait, au temps du grand Mao, mais depuis Den Xiao Ping, les Chinois ont oublié le vocabulaire anticapitaliste.

En décembre 2008, on était dans un bus qui nous amenait, ou qui nous ramenait de la visite de la plus haute tour de Shanghai (au 105ème étage), les guides chinois, on se souvient encore d’eux, avaient engagé une causerie libre. On a eu, personnellement, à leur faire une remarque : Dans tous les musées et partout, sur des grands lieux, on ne voit que l’effigie de Mao Tsé Toung, pas une seule de Deng Xiao Ping or, au temps du fondateur, la Chine était un pays du Tiers-Monde, c’est grâces aux courageuses réformes du second que la Chine a fait un bond économique de géant jusqu’au niveau qu’on lui connait…

Le Zimbabwe est calqué sur le modèle chinois. On dit que Mnangagwa, quand il a été limogé, était allé faire un tour à Pékin. Si cette information n’est pas un canular, un vrai changement qualitatif va s’opérer, le culte de la personnalité n’existe plus. Depuis que Xi Jim Ping est au pouvoir, on ne sait plus combiens d’anciens et de nouveaux cadres du parti communiste sont passés à la trappe de la lutte anti-corruption. Sans un assainissement dans ce milieu, le Zimbabwe ne décollera pas. On ne sait pas si la Russie de Poutine en fera de même avec Nicolas Maduro, mais la corruption entretenue au Venezuela aurait creusé un trou de 150 milliards, rien qu’en dette extérieure, sans compter le déficit budgétaire. On se demande comment renflouer ce pays, qui a touché le fond, par les temps qui courent avec la chute du prix de l’or noir. La facture va être salée, c’est ce qu’il en coûte de soutenir un dictateur insatiable, quant aux préjudices moraux et politiques, qui sont salissants, il reste à les évaluer.

Mugabe a-t-il pu négocier favorablement son immunité et la conservation de tous ses biens et ceux de ses proches ? Cette question n’est pas fortuite, puisque la Gambie n’a pas fini d’en découdre avec Yahya Jammeh. Doit-on rappeler ce qui s’était passé en Chine avec la « bande des quatre » ?

Déjà, on signale que des paysans zimbabwéens commencent à manifester pour la restitution de leurs terres accaparées par Grace Mugabe, il n’est pas exclu que certains membres du G-40 soient aussi concernés par les mêmes réclamations. Excusez, mais c’est une méthode bien connue des communistes.

Les paroles bienveillantes martelées par Mnangagwa envers Mugabe étaient-elles sincères ? Si elles le sont, cela signifie que le changement escompté est hypothéqué, le cas contraire, ça n’a été que poudre aux yeux pour faire passer la pilule. En dépit de l’impopularité populaire opportuniste et hypocrite de l’ancien président, il compte encore des milliers, voire des millions, de privilégiés nostalgiques. S’ils font partie de la succession, celle-ci est noyautée, le ver est dans le fruit.

Ceci étant, il faut dire que quand la phratrie se mêle de la gestion publique et de la chose politique, tout ira à vau-l’eau. Si on dit que l’Afrique du sud et l’Angola n’étaient pas à la prestation de Mnangagwa et qu’on voit les similitudes qui prévalent dans ces deux pays, cela pourrait se comprendre facilement. La fille de Dos Santos vient d’être limogée et Jacob Zuma a l’intention de placer son ex-femme sur l’orbite de l’ANC dans la turbulence. Bien d’autres sont dans la même ou identique situation, mais qui pensent que « ça n’arrive qu’aux autres » et qui iront jusqu’au bout de l’ironie du sort.

Ainsi, Robert Mugabe, celui qui avait ravi la vedette à tous les révolutionnaires africains en 1980, celui à côté duquel Nelson Mandela n’aurait pas eu autant d’éclat, s’est ternit un brillant blason à force de s’accrocher au pouvoir. Comme ceux qui ne savent pas s’arrêter au bon moment comme le boxeur Vladimir Klisco envoyé au tapis par un uppercut de Anthony Joshua, pour un combat de trop qui n’a pas vu Usen Bolt s’affaler sur le tartan du stade de Londres, pour une course de trop ?

Le changement au Zimbabwe est plein de leçons qu’on n’a pas fini de tirer.

Source : guineenews.org

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