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Témoignage poignant : Bintou Condé, fervente militante de l’UFDG, a survécu à l’horreur de la brutalité et de l’injustice lors des manifestations en Guinée.

Le 10 mai 2023 restera gravé dans la mémoire collective des manifestants guinéens comme une journée de terreur et de tragédie. Ce jour-là, des milliers de femmes de la section féminine du principal parti de l’opposition, l’UFDG, mobilisées par Bintou Condé, très influente au sein du parti, se sont rassemblées pacifiquement sur la route le Prince, animées par un désir de changement et de justice. Ce qui aurait dû être une manifestation pacifique a rapidement viré au cauchemar.

« D’abord, au niveau de Wanindara, l’atmosphère s’est alourdie lorsque les forces de l’ordre ont tenté de disperser la foule à l’aide de gaz lacrymogène. Malgré leurs efforts, les manifestants, composés de femmes déterminées et en nombre, ont résisté. La violence s’est rapidement intensifiée, des manifestants ont été abattus et blessés par balles, semant la panique et la terreur parmi les manifestants. Certains ont tenté de se disperser, mais d’autres ont été capturés, dont Bintou Condé, sage-femme et meneuse de cette manifestation. Rencontrée par un reporter de Dépêche Guinée, Bintou Condé nous raconte sa mésaventure. « J’ai été emprisonnée pendant trois jours, soumise à des conditions déplorables, privée de nourriture et d’eau, violée et battue par les gardiens de prison. À tour de rôle, ils venaient abuser de moi et quand je refusais, ils me battaient et me tailladaient le corps avec des objets tranchants. On m’a libérée dans la matinée », a entamé Bintou Condé, les larmes aux yeux, avant de poursuivre. »

« Le 17 mai 2023, la section féminine, indignée par les persécutions subies, a pris la tête de la manifestation avec moi en première ligne. Ce jour-là, nous avons été confrontées à de graves répressions, causant plusieurs morts et de nombreux blessés. Je suis moi-même victime de violence, mais grâce aux jeunes qui ont mené la guérilla, j’ai réussi à m’échapper. Dans la nuit du 23 au 24 mai, mon domicile a été attaqué par des hommes armés alors que j’étais chez mes parents pour une cérémonie. Notre maison a été saccagée et mon mari a été battu à mort, succombant à ses blessures. Le lendemain, alors que nous nous préparions à ramener son corps chez ses parents, j’ai été arrêtée et détenue dans un lieu qui ne ressemblait ni à une prison ni à un camp, subissant une vie infernale. Pendant deux mois, j’ai été soumise à des actes de torture encore plus cruels : battue à plusieurs reprises, électrocutée, privée de sommeil, et même victime d’attouchements sexuels de la part de certains gardiens. Libérée le 2 août 2023 sous caution, mes parents ont déboursé la somme de 30 000 000 FG (trente millions de francs guinéens). J’ai tenté de regagner mon domicile pour voir mes enfants, mais ma belle-famille m’en a interdit l’accès, prétendant que je suis coupable du meurtre de mon mari. Je suis donc retournée à Kindia chez mon grand frère pour récupérer ma santé, car j’avais encore des blessures.

Début septembre, j’ai dû faire face aux accusations de ma belle-famille, qui menaçait de venger leur fils. J’ai alors quitté Kindia pour Lola, chez ma mère, où je suis restée un mois jusqu’au 10 octobre 2023. Ce jour-là, on m’a arrêtée au domicile de ma mère pour trouble à l’ordre public et non-respect d’une interdiction de manifester. On m’a ramenée à Conakry où je suis restée détenue durant deux semaines au camp Alpha Yaya. J’ai vécu une fois de plus un calvaire, mais finalement, on m’a libérée le 27 octobre 2023 ».

C’est ainsi que Bintou Condé, militante de l’UFDG, explique l’horreur, l’humiliation qu’elle a subie .

Ce témoignage met en évidence la brutalité et l’injustice qui ont marqué les manifestations en Guinée en 2023. Il met en lumière le courage et la résilience des manifestants qui ont osé défier un régime répressif au péril de leur vie

Abdoul Latif Diallo

Journaliste d’investigation 

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