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Simandou : bras de fer à 500 millions de dollars

Les deux consortiums engagés dans le mégaprojet de fer de Simandou sont réticents à débourser les 500 millions de dollars demandés par les groupes de BTP pour relancer la construction des infrastructures sur le chantier interrompu en juillet 2022. Des incertitudes qui ravivent un climat de tensions.

C’est une exigence du président Mamadi Doumbouya : les négociations sur la construction et la gestion des infrastructures du mégaprojet de fer entre Conakry et les deux consortiums, menés respectivement par Rio Tinto et Winning International Group, doivent se terminer à la fin du mois de mars (AI du 28/02/23). La tension est forte aussi bien entre les deux groupements d’entreprises qu’à l’intérieur de chacun d’eux.

Même si Conakry a communiqué avec emphase sur la signature d’un pacte d’actionnaires entre les parties, le 8 mars dernier, ce document, qui définit le rôle de chacun dans la gouvernance de la Compagnie du Transguinéen (CTG, en charge de la gestion des infrastructures), n’acte pas le déblocage des financements nécessaires à la finalisation de la construction du chemin de fer et du port minéralier, nécessitant au total plus de 10 milliards de dollars. Autre point crucial, les parties prenantes doivent aussi s’accorder sur la localisation des tribunaux pour résoudre leurs différends en cas de litige. Les négociations sont donc loin d’être terminées, chaque partie et ses avocats reste à pied d’œuvre à Conakry.

CRCC échaudé par l’interruption du chantier

Contrairement à ce qu’affirment les officiels de la junte, représentée dans les négociations par le directeur du cabinet de la présidence, Djiba Diakité, il est d’ores et déjà certain que les travaux de construction des infrastructures ne reprendront pas dès la fin mars, même si un accord global était trouvé à cette date.

Sur tous les sujets. Les partenaires ne parviennent pour l’instant pas à se mettre d’accord sur les modalités de déblocage de la somme de 500 millions de dollars demandée par les groupes de BTP, notamment China Railways Construction Corp

(CRCC).

Le groupe chinois et les autres sociétés de construction du chemin de fer, initialement missionnées par le seul consortium Winning Consortium Simandou (WCS), avaient démarré leur chantier mi-2021, avant de devoir l’interrompre le 5 juillet 2022, sur décision du chef de la junte Mamadi Doumbouya, désireux de remettre les accords du projet à plat, en faisant davantage participer Rio Tinto à la construction des infrastructures. Echaudés par cette décision, ils exigent cette somme de 500 millions de dollars avant de remobiliser leurs troupes, notamment les milliers de travailleurs chinois renvoyés chez eux après la décision de

Doumbouya.

Or pour l’heure, ni WCS ni Rio Tinto et leurs partenaires, ne semblent prêts à la débourser rapidement. Côté.WCS, représenté à Conakry par Sun Xiushun (Al du 25/10/22), même si on s’en défend, on attend la conclusion des discussions qui ont lieu en parallèle entre le géant Baosteel (aussi connu sous le nom Baowu Steel) et le consortium, actuellement détenu par le singapourien Winning, China Hongqiao Group et le guinéen United Mining Supply (UMS). Désigné par Pékin chef de file de l’approvisionnement de la Chine en métaux de base – fer, bauxite et cuivre – (AI du 15/09/22), Baosteel entend devenir le premier actionnaire de WCS, autour de 49 %. Mais rien n’a pour l’instant encore été formalisé avec les actionnaires actuels, même si Baosteel, représenté à Conakry par Jiang Gongyang, assiste aux négociations actuelles sur les infrastructures.

Un engagement de Baosteel certain mais flou

Si un « accord commercial » a bien été annoncé le 22 décembre 2022 par la junte avec Baosteel, ses contours sont très flous, y compris pour les collaborateurs du groupe chinois. Dans ces conditions, il apparaît difficile pour le géant étatique de la métallurgie de sortir 500 millions de dollars avant d’avoir conclu une convention précise avec Conakry ainsi qu’une prise de participation dans WCS.

Par ailleurs, ce déboursement et cette transaction nécessitent pour Baosteel une autorisation de la puissante National Development and Reform Commission (NDRC) de Pékin, chargée de contrôler tous les grands investissements extérieurs chinois, publics et privés, qui devrait mettre au moins deux mois à se prononcer.

Rio Tinto solde ses comptes avec la SEC américaine.

Du côté des négociateurs pour le compte de Rio Tinto et de son partenaire Chinalco, emmenés par le Franco-Ivoirien Lawrence Dechambenoit, on est beaucoup moins pressés de relancer le chantier. Un engagement financier sur la totalité des 500 millions de dollars – en attendant que Pékin donne les autorisations à Baosteel – semble peu probable, même si Conakry l’exige.

Signe toutefois que le groupe anglo-australien, piloté par le Danois Jakob Stausholm, entend avancer sur le mégaprojet, dont il est partie prenante depuis 1995, un accord transactionnel de 15 millions de dollars a été conclu le 6 mars avec la Securities and Exchange Commission américaine (SEC) pour que celle-ci abandonne les charges à son encontre dans son enquête sur « l’affaire Combret ».

Celle-ci visait à éclaircir le rôle de l’intermédiaire français François Polge de Combret soupçonné d’avoir corrompu, pour le compte de Rio Tinto, les autorités guinéennes en 2011. 

Africaintelligence.fr

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