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Le silence du Barreau de Guinée face aux tueries, une incroyable lâcheté !

On retient au Barreau de Guinée, sous le magistère du président Lansana Conté, intransigeance face aux dérives du régime suite aux évènements douloureux du janvier février 2007, où plus de 150 Guinéens ont été sauvagement massacrés par l’armée lors de la crise syndicale qui avait secoué le pays. 

A l’époque, les défenseurs de la liberté n’ont pas tardé à réagir en condamnant les  barbaries des militaires à travers une déclaration publiée à cet effet. Mais aussi la marche des hommes en robe  en 2012 du TPI de kaloum au ministère de l’intérieur pour dénoncer les violations flagrantes des droits humains.

L’histoire semble s’arrêter là pour le Barreau de Guinée. 

Malheureusement, le constat est alarmant ces 10 dernières années, où ce même Barreau, avec des hommes nouveaux, est incapable de réagir face  aux dérives des régimes qui se succèdent depuis la mort du général Lansana conté. 

Pour rappel, en septembre 2009, pendant la transition militaire dirigée par le Capitaine Moussa Dadis Camara qui s’est accaparé du pouvoir peu après l’annonce de la mort du général Lansana Conté, plus de 158 Guinéens ont été massacrés au stade du 28 septembre, plusieurs femmes ont été violées en plein jour, et d’autres personnes, blessées par balles. 

Me Mohamed Sampil, bâtonnier au moment des faits, n’avait pas pu articuler mot pour affirmer la position des hommes en robe. Le Barreau de Guinée avait le bec cloué car, il n’a fait aucune déclaration dénonçant les violations flagrantes des droits humains, perpétrées par la junte alors au pouvoir. Aucune déclaration de nos défenseurs des libertés non plus. 

Plus loin, en 2010, l’opposant historique Alpha Condé arrive au pouvoir. Quelques mois plus tard, les violations des droits humains se multiplient chaque jour dans le pays. Les manifestants sont tués à balles réelles, les leaders politiques et d’opinion arrêtés puis, emprisonnés, les habitants de l’axe terrorisés avec haine et mépris, plus de 200 manifestants tués par balles entre 2010 à 2021 consacrant les deux mandats et plus d’Alpha Condé. 

Les bâtonniers par ordre de succession : Maître Boubacar Barry , Maître Mohamed Traoré et Maître Kouyaté ont opté pour le silence face à l’injustice et à la violation des droits des citoyens. Aucune déclaration n’a été publiée durant leur mandat pour non seulement exiger la libération des détenus politiques, mais aussi et surtout exiger du pouvoir en place de faire la lumière sur ces tueries, et de situer les responsabilités avant de punir les auteurs de ces forfaitures. 

Le 5 septembre 2021, l’espoir renaît avec l’avènement du CNRD au pouvoir.  Les unités de Forces spéciales, à leur tête Colonel Mamadi Doumbouya, renverse le régime Condé. 

L’espoir tant attendu devient désespoir quelques mois après la prise du pouvoir par la junte. Le droit des citoyens de plus en plus bafoués, les leaders d’opinion emprisonnés et les manifestants sur l’axe tués à balles réelles, les habitants, victimes d’exactions et d’injustices. 

La boussole de la justice sur laquelle le colonel s’agrippait a disparu. On enregistre à date plus de 11 morts tous tués par balles. De 2009 à 2022, plus 369 âmes ont été sauvagement arrachées à leurs familles par les forces de l’ordre sans aucune justice. 

Face à toutes ces violations et ces crimes, le Barreau semble se plaire dans le silence coupable, alors que rien ne justifie son silence face à la violation flagrante des droits humains. Tant que les avocats du Barreau de Guinée n’oseront pas affronter les démons du silence, il est fort à parier que les citoyens, déjà bouleversés par cette situation de violence, continueront à vivre l’enfer. Or, comme le disait feu le président Ahmed Sékou Touré, le silence devant un crime a ses implications dans le crime commis.

AbdoulLatif Diallo

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