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Le plan de Mamadi Doumbouya face à la menace djihadiste

Craignant une contagion djihadiste depuis le Mali, la junte de Mamadi Doumbouya s’emploie à renforcer son maillage sécuritaire à la frontière. Après avoir mis fin à une discrète collaboration avec les services secrets jordaniens, le colonel s’est tourné vers Washington et Bruxelles pour obtenir leur soutien. Pour l’instant en vain.

Les journées se font de plus en plus intenses pour Sadiba Koulibaly, le chef d’état-major des armées guinéennes. Depuis plusieurs semaines, ce militaire de carrière, promu général en novembre, planche sur la montée en puissance du dispositif de sécurité dans le nord du pays. Parmi les options envisagées figure un déploiement à la frontière avec le Mali du Groupement des forces d’intervention rapide (GFIR), unité d’élite de plusieurs centaines de combattants mise sur pied quelques semaines après le coup d’Etat du 5 septembre 2021 (AI du 07/04/22).

Formés au contreterrorisme, les membres du GFIR viendront en appui des troupes régulières stationnées dans le nord de la Moyenne-Guinée, où plusieurs postes de surveillance sont actuellement en construction. Les autorités redoutent des incursions d’éléments djihadistes depuis la région malienne de Kayes, où le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaeda, est de plus en plus actif. Ce sujet s’est trouvé au cœur de la tournée d’inspection effectuée par le général Sadiba Koulibaly dans le nord guinéen au mois de février.

Vigilance accrue

Le renseignement, lui aussi, est sur le pied de guerre. Soucieux d’imprimer sa marque dans ce domaine stratégique, le colonel Mamadi Doumbouya a limogé le patron d’un des principaux organes sécuritaires du pays, les « services spéciaux », en mars 2022. Proche de longue date de l’ancien président Alpha Condé, le colonel Moussa Tiégboro Camara, après quatorze années à ce poste, a dû céder-sa place au commissaire principal Abdoul Malick Koné.

Bien qu’historiquement focalisés sur la lutte contre le trafic de drogue et de faux médicaments, les services spéciaux, placés sous la houlette du très influent secrétaire général à la présidence, le colonel Amara Camara, intensifient depuis quelques mois leur couverture des mines d’or artisanales situées à proximité de la ville de Siguiri (nord-est), à moins de 60 km de la frontière malienne. Objectif : déceler l’implantation potentielle de cellules du GSIM dans cette zone où transitent de nombreux travailleurs maliens et burkinabé. Afin d’évaluer les capacités réelles des acteurs djihadistes opérant dans la région, le président Doumbouya mise également sur la direction du renseignement militaire, qu’il a dotée d’un nouveau chef : le lieutenant-colonel Ismaël Keita, nommé en mai 2022.

D’Amman à Bruxelles

Le chef de la junte cherche en parallèle des soutiens à l’étranger. Encore tout récemment, la Jordanie comptait parmi les partenaires privilégiés de Conakry en matière de lutte contre le terrorisme, aux côtés de Paris et Washington. Une coopération avait été entamée dans la plus grande discrétion en 2020 et le General Intelligence Directorate (GID) jordanien avait ensuite régulièrement dépêché des agents en territoire guinéen. Le canal a cependant été rompu avec l’arrivée au pouvoir de Doumbouya, qui avait été tenu à l’écart du dossier lorsqu’il était patron des forces spéciales sous Alpha Condé.

Le chef de la junte cherche en revanche l’appui de l’Union européenne (UE).

Auprès de cette dernière, il plaide pour le déploiement d’un Groupe d’action rapide-Surveillance et intervention (GAR-SI) à la frontière avec le Mali, sur le modèle de ceux actuellement déployés au Sénégal, au Niger et en Mauritanie (AI du 19/10/22): Cette demande, qui remonte à l’ère Condé, a été réitérée en août 2022 via un courrier adressé par le ministre de la défense, le général Aboubacar Sidiki Camara, alias « Idi Amin », à l’UE. Pour l’heure, Bruxelles n’a pas donné suite.

Réticence américaine

Il y a quelques semaines, le gouvernement guinéen a également plaidé pour que Washington reprenne ses programmes d’assistance aux forces armées guinéennes.

Les Etats-Unis ont cessé toute collaboration dans le domaine militaire depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021, conformément aux restrictions prévues par la section 7008-de la loi sur le Département d’Etat et les opérations étrangères.

Auparavant, les Américains appuyaient le groupement des forces spéciales, ainsi que les éléments de l’ancien Bataillon spécial des commandos en attente (BCSA) – dont étaient issus les soldats guinéens détachés auprès de la mission des Nations unies au Mali, la Minusma. Mais si certaines opérations étrangères peuvent faire l’objet d’une levée exceptionnelle des restrictions dans certains cas, un tel scénario est pour le moment exclu en ce qui concerne le cas guinéen.

Conakry doit pour l’instant se contenter du soutien de Paris, qui a repris sa coopération militaire avec l’armée guinéenne en mars 2022 (AI du 21/03/22). A la demande du président Doumbouya, les autorités françaises ont également accepté, il y a quelques mois, de détacher des instructeurs auprès des troupes guinéennes stationnées à la frontière malienne.

Africaintellience .fr

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