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Ismaël Bah, influent intermédiaire entre la junte et les parlementaires français

A cheval entre Conakry et Paris, ce Franco-guinéen a su jouer de son entregent afin d’obtenir la tenue, en mars prochain, d’un Cudoque au Sénat sur la transition guinéenne. Soutenu par la junte du colonel Mamadi Doumbouya, il mise notamment sur la venue du premier ministre Bernard Goumou.

La date de l’évènement a été fixée au 18 mars 2023. Le Palais du Luxembourg s’apprête à accueilhr une importante délégation d’officiels guinéens qui débattront avec les membres de la chambre haute sur le thème du « retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Côté français, l’initiative est parrainée par le vice-président du Sénat et ancien ministre de la défense Alain Richard (LREM), ainsi que par les sénateurs Jean-Yves Leconte (PS) et Philippe Dominati (apparenté Les Républicains).

Elle a également reçu la bénédiction du gouvernement guinéen. Si le premier ministre Bernard Goumou n’a pas encore confirmé sa venue, il pourrait, en cas d’indisponibilité, être remplacé par le ministre des affaires étrangères, Morissanda Kouyaté. Tous deux invités, les leaders de l’opposition Cellou Dalein Diallo et Sydia Touré ont, pour leur part, décliné l’invitation.

Plus d’un an de tractations

En coulisses, le projet est piloté depuis octobre 2021 par une figure de la diaspora guinéenne dans l’Hexagone, Ismaël Bah. Quelques semaines après le coup d’Etat du 5 septembre, ce dernier est parvenu à décrocher une entrevue avec le nouvel homme fort de la Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya, afin de lui soumettre l’idée.

Bah, qui préside une association promouvant la coopération franco-guinéenne, dispose d’atouts à même de séduire le chef de la junte. Impliqué dans la lutte contre la corruption, dont les nouvelles autorités guinéennes ont fait l’un de leurs chevaux de bataille, il a notamment déposé plainte auprès de la justice guinéenne pour « biens mal acquis » en France en 2018, sans succès. Deux ans plus tard, il fait également partie des opposants au troisième mandat brigué par le prédécesseur de

Doumbouya, Alpha Condé.

Double casquette

A cela s’ajoutent ses connexions auprès de la classe politique française, qui ne manquent pas de retenir l’attention du nouveau patron de la transition, intéressé de pouvoir se rapprocher de Paris. Ancien militant de l’UMP (devenu depuis Les Républicains), Bah peut compter sur plusieurs relais au sein de la droite française, parmi lesquels Jérôme Peyrat, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy puis d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, ou encore Patrick Stefanini, l’ex-directeur de campagne de François Fillon et de Valérie Pécresse.

Un positionnement qui n’a pas empêché celui qui se présente comme un acteur de la société civile de tisser des liens également à gauche : dans les années 2000, côtoie Michel Rocard à l’occasion de rencontres de réflexion sur l’Afrique. C’est par l’entremise de l’ancien premier ministre de François Mitterrand que Bah fait la connaissance d’Alain Richard, qu’il a récemment approché afin de planifier le colloque de mars 2023. Ce type d’entreprise n’est pas une première pour Bah : il avait déjà pris part, en 2019, à l’organisation d’un débat à l’Assemblée nationale sous le haut patronage de l’ancienne député LREM, Marion Lenne, qui avait pour thème le lien entre société civile et démocratie en Afrique de l’Ouest.

De quoi convaincre le colonel Doumbouya, qui a donné son feu vert pour l’initiative en octobre 2022. Après l’intensification de la coopération militaire entre les deux Etats et la signature de plusieurs contrats d’envergure impliquant des entreprises françaises, l’évènement est un gage supplémentaire du rapprochement entre Paris et Conakry, que la nomination d’un ambassadeur guinéen en France devrait bientôt venir sceller.

Africaintelligence.fr 

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