Selon des sources concordantes contactées par dépêcheguinee mais qui ont souhaité gardé l’anonymat, certains magistrats ‘’véreux’ et ‘’corrompus’’ ‘’favorisent’’ la recrudescence du banditisme en Guinée. Leur méthode ? En complicité avec les gardes pénitentiaires, ces magistrats hauts perchés dans la hiérarchie de la sphère judiciaire guinéenne ‘’libèrent de façon fantaisiste des bandits de grand chemin, condamnés à des peines de prison à perpétuité’’. Une situation qui devient un casse-tête pour le gouvernement guinéen, perturbant le sommeil des citoyens.(Enquête )
La libération avec complaisance des criminels, ou leur évasion des maisons d’arrêt est devenue un fait banal réduisant ainsi à néant les efforts des forces de police et de la gendarmerie, lesquelles triment jours et nuits au péril de leurs vies à la poursuite des délinquants.
Et le tout à cause des espèces sonnantes et trébuchantes. Nos sources évoquent à cet égard de quelque million de franc guinéens qu’empocheraient ces magistrats sans ignominie. Toute chose qui a pour conséquence la recrudescence du banditisme en Guinée. Laissant libre cours aux attaques à domiciles, braquages dans les grands marchés du pays, braquages des voitures en plein journée et ceux perpétrés le plus souvent par coupeurs de routes à l’intérieur du pays.
Pour le commandant S.K. d’une brigade Anti criminalité le de Conakry (BAC), ce n’est pas anodin de qualifier ces prisons de passoires. La manière avec laquelle les délinquants que les forces de sécurité traquent dangereusement jour et nuit se retrouvent en liberté dès qu’ils les envoient en prison, en fait justement foi.
Est-ce pour cela que depuis un certain temps, la police et la gendarmerie ont changé leur mode de communication et présentent systématiquement les présumés délinquants qu’elles appréhendent à la presse». Cette question mérite en tout cas d’être posée. Car, pour le commandant SK, ça tout l’air.
Car, selon lui, «Ces bandits n’ont plus peur de se laisser prendre par la police et la gendarmerie. Ils savent qu’ils se retrouveront dehors une fois à la maison d’arrêt. Il n’est donc pas étonnant que l’on assiste ces temps-ci à une recrudescence des braquages et des vols à mains armées sur les routes et dans les domiciles et que les forces de polices soient obligées de déployer plus d’efforts dans leur capture souvent au risque de leur vie», futige l’offiier de la police judiciaire.
Comment ces délinquants se retrouvent-ils en liberté ?
Ces Bandits une fois arrêtés sont traduits devant le Procureur de la République qui est l’empereur des poursuites. Celui-là qui a la lourde tache de déclarer le non lieu, ou délivrer un mandat de dépôt à la maison d’arrêt. Et c’est à ce niveau que les négociations commenceraient.
«Quand les forces de l’ordre nous arrêtent, ils nous auditionnent, mais à ce niveau nous refusons de tenter toute négociation parce qu’il n’y a pas de garantit», nous affirme M .K, qui présente comme un bandit de grand chemin.
Affirmant avoir été arrêté en 2001 et condamné à mort, pour ‘’association’’ de ‘’malfaiteurs’’, ‘’vols à mains armées’’, ‘’assassinats’’, ‘’détentions illégales d’armes de guerre’’, puis libéré en 2004.
En 2006, selon son récit, il aurait été arrêté à nouveau et traduit en justice où il écopera une peine de prison à perpétuité. Après 9 ans de détentions à la maison centrale de Conakry, il aurait à nouveau recouvré sa liberté en septembre 2016.
Ce prétendu chef de gang se disant être connu dans toutes les juridictions, témoigne de la complicité des magistrats véreux et des régisseurs de prisons dans la libération des bandits.
«On commence les négociations une fois au tribunal, on propose de l’argent au procureur qui détient notre dossier s’il est d’accord, il fait le toilettage de notre dossier en supprimant certaines charges qui peuvent compliquer notre situation avant de nous déférer à la maison centrale. Une fois à la maison centrale, nous attendons au moins quatre ( 4) mois avant que nos parents partent les voir pour parler des modalités de paiement» nous confie M.K .
Et de détailler : «Par exemple, mon cas, j’ai été condamné à mort en 2001, et à perpétuité en 2006. Donc, si tu es condamné à perpétuité il te faut verser cinquante (50) millions au procureur pour qu’il accepte de te libérer. Si ce sont des peines prisons de 10 à 15 ans, même avec vingt cinq (25) millions, tu peux te faire libérer». nous confirme M.K.
Une fois en possessions de l’argent ces magistrats véreux négocient avec les gardes pénitentiaires moyennant une certaine somme pour pouvoir faciliter la libération.
Les évasions et les « piétins » des Gardes pénitentiaires
«Il y a plusieurs façons de nous libérer une fois que le régisseur reçoit sa part. On peut inventer une maladie grave qui mérite l’hospitalisation dans les hôpitaux. Quand le procureur autorise, le régisseur nous fait accompagner par deux agents qui sont déjà informés de notre libération. Une fois à l’hôpital Ignace Deen, les deux agents prennent garde devant la salle jusqu’à la tombée de la nuit. Quand les parents viennent nous chercher la nuit, ils disparaissent et on profite pour sortir et rejoindre tout à coup nos parents», nous affirme M.K
«Ils peuvent aussi te faire passer pour mort, en te mettant dans un sac une fois au cimetière, on te libère. Où le procureur de la république envoie un mandat d’amener, une fois au tribunal ils te mettent à la disposition de tes parents», poursuit-il sa narration.
Précisant que c’est ainsi que les évasions se passent avec la complicité des Gardes pénitentiaires.
Les gardes pénitentiaires s’érigeraient en véritables agents de liaison entre les détenus et leurs familles. «On a été informé des cas où des gardes ont enceinté ou ont détournés les femmes des détenus, ce qui est contraire à la déontologie du métier. La cupidité des éléments qui composent la chaine de répression des délinquants expose les citoyens à l’insécurité galopante dans la cité. Le gouvernement doit accentuer les efforts sur la lutte contre ces pratiques en même temps que l’insécurité.
Dans notre prochaine publication, nous vous livrerons les noms des procureurs corrompus qui entretiennent de façon déhontée cette pratique odieuse dans nos juridictions
Comme pour dire qu’une opération assainissement s’impose dans l’appareil judiciaire!
Abdoul Latif Diallo