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Guinée : le FNDC porte plainte contre Mamadi Doumbouya à Paris.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) accuse le président de la transition de « complicité d’homicides et de torture » et a saisi la justice française le 8 septembre.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ne se laissera pas enterrer sans combattre… Officiellement dissous, le 8 août dernier, par le ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, le voilà qui refait parler de lui en déposant plainte contre l’homme fort de Conakry.

Selon nos informations, ce mouvement qui s’est d’abord fait connaître en combattant le régime d’Alpha Condé a saisi, le 8 septembre, le procureur du tribunal judiciaire de Paris. Le FNDC accuse Mamadi Doumbouya de « complicité d’homicides et de torture », pour des faits commis en marge des manifestations qui ont secoué la Guinée en juillet et en août.

Les troubles avaient en fait commencé quelques semaines plus tôt en réaction à la hausse des prix du carburant. Le 1er juin, un jeune homme de 19 ans a été tué par balle à Hamdallaye-Prince, l’un des quartiers réputés difficiles de la banlieue de la capitale guinéenne.

Mais fin juillet, la colère a pris une nouvelle tournure, plus politique, et c’est le FNDC qui a cette fois appelé les Guinéens à sortir dans la rue. Jets de pierres contre gaz lacrymogènes, tirs de sommation, blessés et arrestations… Bilan : cinq morts, selon le FNDC. Et ce sont ces évènements, ainsi que ceux qui ont suivi lors de nouvelles manifestations en août, qui sont au coeur de la plainte déposée à Paris – un document de 21 pages, que Jeune Afrique a pu consulter en exclusivité.

« Violence disproportionnée et injustifiée »
Il est reproché à la junte d’avoir « délibérément usé d’une violence disproportionnée et injustifiée » contre les manifestants, entraînant des blessés et des morts (huit au total). Le FNDC pointe la responsabilité du président de la transition « par le biais des ordres donnés aux militaires dont il contrôle les agissements. […] Le colonel Doumbouya peut être considéré comme complice des meurtres commis sur les manifestants. »

La plainte mentionne aussi le témoignage de personnes interpellées durant les manifestations et conduites au camp militaire Alpha Yaya Diallo, situé dans la banlieue de Conakry. « Les plaignants rapportent des violences et mauvais traitements, notamment des coups de fouet commis à leur encontre de manière répétée par les membres de la junte militaire et qui avaient pour but évident d’intimider les victimes », précise le document. Les victimes présumées déclarent aussi avoir été contraintes à nettoyer la garnison militaire. Elles disent aussi avoir dû débourser entre un million et trois millions de francs guinéens pour recouvrer la liberté.

LE FNDC MET EN AVANT LE FAIT QUE MAMADI DOUMBOUYA AURAIT LA NATIONALITÉ FRANÇAISE

Pour justifier la saisine de la justice française, le FNDC met en avant le fait que Mamadi Doumbouya « aurait la nationalité française ». La plainte cite à l’article 113-6 du code pénal français, qui dispose que « la loi pénale française est applicable à tout crime commis par un Français hors du territoire de la République. Elle est applicable aux délits commis par des Français hors du territoire de la République si les faits sont punis par la législation du pays où ils ont été commis. » Le FNDC, qui s’est adjoint les services des avocats français William Bourdon et Vincent Brengarth, ajoute que Mamadi Doumbouya est un « ancien légionnaire français, marié à une Française ».

La plainte s’appuie également sur la compétence universelle des juridictions françaises, qui leur permet de « se saisir d’un dossier relatif à des faits de torture […] même s’ils sont commis à l’étranger, par un étranger, sur un étranger ».

Enfin, elle déplore l’absence de toute perspective crédible de poursuites à l’endroit des militaire au pouvoir, ainsi que l’absence d’indépendance des juridictions nationales.

Et le FNDC de conclure que si le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, a annoncé qu’il allait demander des poursuites, seuls les organisateurs des manifestations – qui avaient été interdites – sont à ce jour derrière les barreaux.

Jeune Afrique

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