Le 28 décembre 2023, l’ARSJPA a publié un publireportage dont certains passages ont attiré notre attention.
Selon la Direction de la Communication de cet EPA, créé dans la précipitation et dans la confusion, l’arrivée de l’ARSJPA dans le paysage des jeux et le système financier de notre pays, a grandement contribué à la mobilisation des ressources intérieures. Cette tendance devrait d’ailleurs se poursuivre les années à venir en raison de la mise en place d’un système de monitoring par l’ARSJPA.
Rien n’est plus faux. Depuis la création de l’ARSJPA et la nomination de son Directeur Général, cette structure s’illustre plutôt par des actions contestées aussi bien par les opérateurs de jeux que par la Direction Générale des Impôts et même la Commission des Finances du CNT.
Ayant une conception très réductrice de la régulation, l’actuel Directeur Général de l’ARSJPA voit l’institution qu’il dirige comme une simple vache à lait si ce n’est une machine à sous.
Comprenant sans doute mal le système des finances publiques de la Guinée, Monsieur Mamadou CISSÉ veut créer des impôts (qu’il appelle Taxe sur les gros gains) et des Redevances (qu’il appelle Fonds de Développement Social), en lieu et place respectivement du Président de la République, du Ministre des Finances et du Conseil National de la Transition.
Face au refus des opérateurs de se soumettre au pouvoir fiscal que s’est attribué M. CISSÉ, il a même tenté de faire endosser ses mesures par la DGI et le CNT. A tous les niveaux, les fiscalites et les experts en Finances publiques lui ont demandé de revoir sa copie.
N’ayant pas réussi son coup, il tente à présent de mobiliser les opérateurs pour une baisse du taux de 15% de la Taxe sur les jeux de hasard. Comment celui qui prétend booster les recettes de l’Etat peut-il mobiliser et militer pour je baisse des impôts ? Allez-y savoir.
Paradoxalement, celui qui veut moins pour le Budget de l’Etat veut plus pour son EPA. Mais pour quoi faire? Les charges de ĺ’ARSJPA sont-elles plus importantes que les charges de l’Etat confronté d’ailleurs en plus à un risque économique systémique du fait de la destruction de notre principal dépôt de carburants ? Les Conseillers Nationaux ont rapidement compris le jeu et ont repris la main. Ils ont demandé à M. CISSÉ de revoir sa copie et de revenir plus tard.
En ce qui concerne le fameux système de monitoring, le publireportage de l’ARSJPA ne dit pas qui a été recruté pour le faire et dans quelle condition ce recrutement a eu lieu.
Les Guinéens, qu’ils soient ou pas des jeux d’argent, doivent savoir que la société en question est une obscure société de droit français, créée en 2022, et qui n’a pas une seule référence. L’ARSJPA est sans aucun doute son seul et unique client. Quant à la procédure de recrutement, le Code des marchés publics a été royalement ignoré. Le Directeur Général de l’ARSJPA a recruté seul un intégrateur et veut l’imposer aux opérateurs.
Or, pour des raisons de sécurité, de fiabilité et de protection des données personnelles des joueurs, seule une société ayant des références solides aurait dû être recrutée de manière absolument transparente. Cela n’ayant pas été fait, les opérateurs ont refusé de se faire imposer l’intégrateur choisi par M. CISSÉ.
Tout cela aurait prêté à sourire si le secteur dont la régulation a été confiée à M. CISSÉ n’était pas un secteur hautement sensible qui intéresse, plus que les Finances, la sécurité nationale, la santé, la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, la protection des mineurs, etc.
Le jeu d’argent n’est pas un secteur ordinaire. Ce n’est pas qu’une affaire d’argent. Et c’est pourquoi, partout, il est interdit en principe par la loi pénale et la loi civile. C’est par exception que le jeu est autorisé et encadré de telle sorte qu’il n’impacte pas négativement l’Etat et la population. On ne peut pas et on ne doit pas réduire la régulation des jeux d’argent à une affaire de gros sous.
Konko sory
