Le Premier ministre de Guinée, Bernard Gomou, a récemment adressé une lettre au ministre de la justice, mettant en lumière des préoccupations concernant les dossiers d’ajournement du CAPA 2021, l’examen d’admission à la profession d’avocat.
Ces dossiers présentent déjà de nombreuses irrégularités et des éléments suspects. Les candidats touchés semblent être victimes d’arnaques, ce qui est en contradiction flagrante avec les dispositions du Décret régissant l’organisation de l’examen. L’organisation de l’examen du CAPA est régie par un Décret de 2008. Normalement, c’est un examen annuel. Le Conseil de l’ordre est obligé d’organiser avant le dernier trimestre de chaque année l’examen d’admission au Barreau. Or, qu’est ce qu’on constate?
Le Conseil de l’ordre des avocats de Guinée organise le CAPA quand il veut et comme il veut. Plus précisément, comme on l’a déjà indiqué dans les publications précédentes, l’examen du CAPA n’est organisé que pour admettre les proches des membres du Conseil de l’ordre .
Mais il y a une autre raison pour laquelle l’examen du CAPA n’est organisé que le clan à la tête du Barreau le veut bien: serait l’argent.
En effet, on constate que depuis 2016, le Barreau de Guinée réclame la somme de 500 000 francs guinéens à chaque candidat. Il n y aucune base légale à cela. C’est Maître Mohamed Traoré qui l’a instauré.
La gestion de cet argent, qui représente des centaines millions de francs guinéens, est si opaque qu’on peut raisonnablement affirmer qu’il serait est en grande partie détourné.
L’article 14 de ce décret précise clairement les éléments requis pour la candidature, incluant une demande datée et signée du candidat, un acte de naissance, une copie du diplôme de Maitrise en Droit ou équivalent, un extrait de casier judiciaire récent, et un certificat médical attestant de la bonne santé physique du candidat. Aucunement mentionné dans ces exigences est le versement d’une somme financière, comme l’exigeait apparemment le Barreau de Guinée avec le paiement de 500 000 GNF.
Il est alarmant de constater que cette démarche non seulement enfreint la loi, mais également s’avère moralement répréhensible. Certains individus au sein du milieu juridique, notamment les bâtonniers Mohamed Traoré et Djibril Kouyaté, semblent être impliqués dans ce comportement condamnable visant à arnaquer les candidats. Le procureur général près de la Cour d’appel de Conakry a également réagi en transmettant une dénonciation concernant les candidats ajournés à l’examen, mais le barreau n’a toujours pas répondu à cette lettre.
Des informations suggèrent que des poursuites judiciaires pourraient être engagées à l’encontre des organisateurs du CAPA pour leur rôle dans cette affaire troublante. Cette situation met en lumière des problèmes sérieux au sein du système juridique et soulève des inquiétudes quant à l’intégrité du processus d’examen et d’admission à la profession d’avocat en Guinée.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation