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457 kg d’or envolés : l’opération secrète qui secoue la Banque Centrale de Guinée (Épisode 12)

Nouveau coup de tonnerre dans les arcanes de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Selon des documents confidentiels et des relevés de transactions que nous avons pu consulter, 457 kilogrammes d’or, destinés à alimenter un compte de la BCRG à Afreximbank, ont été discrètement vendus par le gouverneur Karamo Kaba à l’homme d’affaires Tidiane Koïta. Le montant de l’opération s’élève à 11,2 millions de dollars. Une somme vertigineuse, qui suscite de lourds soupçons de détournement de fonds et d’enrichissement illicite. Cette vente a été réalisée sans appel d’offres, sans visa réglementaire, et sans l’aval des organes de contrôle habituels.

L’operation passée dans l’opacité la plus totale, par le seul fait du Gouverneur de la BCRG, révèle l’existence possible d’un système parallèle de gestion des avoirs stratégiques du pays.

Pire, dans un mail en date du 6 janvier 2025, le Directeur des matières précieuses, Mamadou Sylla, demande à EMR de justifier, voire de restituer les 457 kg d’or. Cela intervient plus d’un an après la certification des soldes de compte de la BCRG auprès de EMR, par Mohamed Lamine Conté, premier Vice-gouverneur de la BCRG.

Une tentative de régularisation à posteriori, visiblement loin d’une démarche officielle, car elle ne répond pas aux normes administratives habituelles. Ce qui jette une lumière crue sur la gestion pour le moins cavalière des réserves nationales.

Ce n’est pas tout. Le même mail évoque une autre réclamation sur un stock d’or de 2 031 859 grammes (soit plus de 2 tonnes), sans qu’aucune explication ne soit fournie sur l’origine de ce stock et sur les fondements juridiques de cette réclamation. Un flou qui interroge : où est passé cet or ? Qui en a bénéficié ?

Les zones d’ombre s’accumulent. La vente signalée de 4 tonnes d’or par le biais de la société SOSIM. Pourquoi un actif aussi stratégique a-t-il été cédé à une société privée en dehors des circuits officiels de la BCRG ? Pourquoi ce choix d’intermédiaire ? Aucune justification officielle n’a été donnée jusqu’à ce jour.

En réalité, les 457 kg avaient été vendus en toute discrétion avant la certification des comptes. Malheureusement, la valeur monétaire de cette quantité importante d’or n’est jamais arrivée dans les comptes de la Banque centrale.

Alors, qui a empoché les 11,2 millions de dollars ? Pourquoi le gouverneur continue-t-il de bénéficier de la haute protection de l’État ? Serait-il couvert par des complicités au sommet ?

Enfin, les enregistrements audio d’une conversation entre le Gouverneur de la BCRG, Karamo Kaba et Tidiane Koïta, ainsi que les copies SWIFT des virements en dollars via Citibank, attestent de l’existence de transactions bancaires impliquant le système financier américain.

Or, cette connexion n’est pas sans risque. Car en utilisant le réseau bancaire américain pour des transactions potentiellement frauduleuses, les protagonistes s’exposent à la lourde machine judiciaire américaine. Le spectre du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) plane. Cette loi fédérale permet aux États-Unis de poursuivre toute personne impliquée dans des actes de corruption via son système bancaire, même à l’étranger.

L’exemple de Mahmoud Thiam, ancien ministre guinéen des Mines, condamné à sept ans de prison aux États-Unis pour des faits similaires, reste un avertissement vivant.

Équipe d’investigation :
Mamoudou Babila KEITA
Abdoul Latif Diallo
Sékou Koundouno

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