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Pratiques douteuses au sein du Barreau de Guinée/CAPA 2021 : Des preuves sur la substitution des jurés par le bâtonnier

Le processus de sélection des membres du jury pour l’examen du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (CAPA) au Barreau de Guinée a récemment soulevé des questions concernant l’intégrité de la procédure. Des modifications non justifiées ont été apportées à la composition du jury, suscitant des doutes sur l’équité du processus. Ce qui aurait dû être un examen basé sur le mérite s’est transformé en une sélectivité discutable, remettant en question l’intégrité de l’institution censée défendre la loi.

Le rapport en question a mis en lumière un scénario déshonorant pour des individus qui sont censés être les gardiens des principes juridiques. La suspicion d’influence du bâtonnier sur les membres du jury a jeté une ombre sur l’examen CAPA, soulevant des préoccupations sérieuses quant à l’équité et à la transparence de tout le processus.

Selon les informations fournies par le décret D/2008/037/PRG/SGG du 24 juillet 2008, régissant l’organisation de l’enseignement pour le CAPA en Guinée, le jury du concours est composé comme suit :

  • Deux Magistrats désignés par le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme ;
  • Un professeur de la faculté de Droit, désigné par le Recteur ;
  • Trois Avocats inscrits au Tableau de l’Ordre depuis six ans au moins, désignés par délibération du Conseil de l’Ordre.

En effet, des éléments troublants ont été mis en évidence dans la composition du jury pour l’examen CAPA de 2021. Dans une lettre datée du 5 août 2021, le bâtonnier a contacté le recteur de l’université Sonfonia pour la désignation d’un professeur pour intégrer le jury. Cette lettre a été suivie d’une réponse datée du 25 août 2021, où le recteur de l’université a désigné M. Michel Jannette Tolno, chef de département de droit public, pour représenter l’université.

Malheureusement, la composition de la liste des jurés a révélé la présence d’un individu nommé Alseny Camara, qui n’avait pas été désigné par le recteur de l’université. Cette apparente irrégularité soulève des inquiétudes quant à la manière dont les membres du jury ont été choisis, laissant place à des spéculations sur une possible intervention du bâtonnier dans le processus de composition.

Par ailleurs, le choix des deux magistrats désignés par le ministère a également été remis en question. Les noms de M. Saidou Diallo, président de la 2e chambre civile, économique et administrative de la Cour d’Appel de Conakry, et de M. Sékou Kandé, président de section au Tribunal de commerce de Conakry, ont été cités, mais aucune preuve documentaire de leur nomination par le chef de cabinet du ministère de la justice n’a pu être trouvée dans les archives du ministre la justice.

Ces révélations mettent en lumière le dysfonctionnement potentiel au sein du processus d’examen CAPA, où des avocats ayant accumulé plusieurs années de stage se sont retrouvés ajournés. Cette situation appelle à une révision en profondeur du fonctionnement du Barreau de Guinée, afin de préserver l’intégrité et la confiance dans l’institution juridique du pays. Les pratiques douteuses et les possibles ingérences doivent être résolues pour garantir un processus équitable et transparent pour les futurs avocats guinéens.

Abdoul Latif Diallo

journaliste d’investigation

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